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Une petite pépite la série "The Bear"


Spirit

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Diffusée en juin dernier sur FX et Hulu aux États-Unis, The Bear est devenue un petit phénomène outre-Atlantique en étant plébiscitée comme une des meilleures créations de l'année. Créée par Christopher Storer (Ramy), avec Joanna Calo en tant que co-showrunneuse et avec l'acteur Jeremy Allen White au casting (révélé en incarnant Phillip Gallagher dans Shameless), la série est enfin arrivée en France sur Disney+ et risque effectivement de tout brûler sur son passage.

 

À PLEIN TEMPS

Du moment où la série démarre et que Carmy (Jeremy Allen White) entre dans la gueule d'un ours formée par les lampadaires et la structure d'un pont, le spectateur se retrouve jeté dans l'intensité de la cuisine de l'Original Beef of Chicagoland. Tout juste réveillé de son cauchemar, le gérant regarde l'horloge avec ses yeux enflés et entame son calvaire, au rythme d'une infernale boucle de guitare électrique.

Les commandes ne sont pas les bonnes, les factures ne sont pas payées, les machines d'arcade ne sont pas vidées. Il doit récupérer des fringues chez lui, les échanger pour obtenir de la viande, découper les légumes, les faire cuire, saisir le boeuf, le mettre dans le jus, laisser mariner, et l'épisode n'a commencé que depuis cinq minutes.

 

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Carmy, qui se tue à la tâche

 

The Bear ne perd pas une seconde et impose, d'emblée, une cadence effrénée, laissant le spectateur trouver son équilibre et comprendre ce qu'il se passe pendant que les discussions, les insultes et le jargon de la restauration se mêlent aux bruits de casseroles, de couteaux et d'autres ustensiles. Pendant ce temps, par un travail minutieux de l'image et du son et par un montage brusque, incisif, mais toujours clair, la réalisation de Christopher Storer et Joanna Calo crée une atmosphère fiévreuse et capture miraculeusement le chaos frénétique qui s'empare de la cuisine durant le service.

Sans ralentir, toujours au plus près, la caméra saisit les gestes pressés, les prises de tête, les visages en sueur, les regards nerveux vers les aiguilles qui défilent, traduisant à la perfection l'effervescence et la tension bouillonnante, viscérale, mais si enivrante de cet espace exigu et bordélique, où deux visions s'opposent.

 

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Sydney, qui espère amener du sang neuf et enfin s'épanouir

 

Jeune chef de génie ayant travaillé dans les meilleurs restaurants du monde, Carmen Berzatto, dit "Carmy", est forcé de quitter la haute gastronomie pour reprendre la sandwicherie familiale que lui a léguée son frère Mikey, qui s'est suicidé. Une gargote pourrie qu'il a quand même l'intention de redresser en remettant les comptes au clair, en changeant le menu, en mettant en place un système de brigade et en engageant Sydney (Ayo Edebiri), jeune sous-chef pleine d'idées et de talent.

Tous ces bouleversements intriguent et inspirent le pâtissier Marcus (Lionel Boyce), mais sont accueillis avec un certain scepticisme par les autres employés, notamment son "cousin" Richie (Ebon Moss-Bachrach), le meilleur ami de Mikey, et Tina (Liza Colón-Zayas), une cuisinière passive agressive qui travaille depuis plusieurs années au restaurant. En plus du personnel réfractaire et d'un traumatisme qu'il refuse de gérer, Carmy découvre au fur et à mesure que la situation du restaurant est encore pire que ce qu'il avait prévu.

 

 

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Fak et ses réparations incessantes

 

CUISINE ET DÉPENDANCES

Tandis que l'accumulation des dettes, des crises de nerfs et des coups de feu (y compris au sens littéral, parfois) relance constamment les enjeux au fil des épisodes, la tension gagne la narration et les membres de cette équipe dysfonctionnelle qui s'engueulent, se dépassent, prennent des risques, commettent des erreurs et avancent en traversant les épreuves.

Alors, avec une finesse et une sincérité rares, The Bear devient une fresque intime et poignante, faisant évoluer ses personnages librement, par petites touches, en montrant à quel point ils sont imparfaits, énervants, mais aussi profondément touchants et humains. Et les acteurs et actrices, absolument impeccables, leur donnent encore plus de vie à travers leur langage corporel ou leurs dialogues, débités avec autant d'aisance que de naturel.

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Tina, une employée moins dure qu'elle ne le laisse croire

 

Hanté par le comportement toxique et humiliant de ses anciens chefs, Carmy veut que sa cuisine soit un lieu bienveillant, où chacun s'appelle "chef" dans un souci d'égalité, mais il s'enferme compulsivement dans le travail pour éviter d'affronter sa soeur Sugar (Abby Elliott) ou ses échecs.

Si le restaurant le retient prisonnier et le ramène constamment à Chicago, sa famille brisée et ce frère qui a sombré dans l'addiction et la dépression, le jeune homme est également poussé par son envie de transformer le lieu en quelque chose de respectable, d'honnête et dont il pourrait être fier. Avec le même air meurtri et réservé que celui qu'il donnait à Lip dans Shameless, Jeremy Allen White signe une magnifique performance dans la peau d'un personnage aussi superbe que pitoyable, à la fois produit et victime de son environnement.

 

 

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Richie, magnifique loser de la bande

Richie, de son côté, est un type impulsif et irresponsable qui se raccroche désespérément au restaurant et à ses employés parce qu'ils sont ses seuls repères, et Ebon Moss-Bachrach réussit à le rendre odieux, détestable, touchant et pathétique.

Sydney est douée, forte, mais elle est impatiente, têtue et Ayo Edebiri la joue avec autant de confiance que de fragilité. Le jeu de Lionel Boyce fait de Marcus un personnage terriblement attachant avec sa quête du donut parfait, tandis que Liza Colón-Zayas s'illumine de plus en plus à chaque épisode.

Au cours de la saison, la série n'a évidemment pas le temps de développer tous les membres de l'équipe, mais chacun de leurs caractères se distingue par de petits détails et incarne l'identité et l'âme du restaurant : Gary (Corey Hendrix) et son expertise sur le baseball, Ebra (Edwin Lee Gibson) et ses anecdotes historiques ou encore Fak (interprété par le vrai chef Matty Matheson), homme à tout faire de secours drôle et sympathique.

Et lorsque le "sentiment d'urgence" que Carmy réclame constamment grimpe jusqu'à exploser dans le septième épisode à travers un remarquable plan-séquence de vingt minutes, la décharge émotionnelle est brute, totale et renversante

 

 

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Marcus, aussi tendre que ses pâtisseries

LE GOUT DE LA VIE

Entre ambitions et exaspérations, les traumatismes s'accumulent dans la cuisine et The Bear aborde finalement tout un tas de sujets dans les entrailles de ce petit restaurant (les inégalités sociales, le fonctionnement hiérarchique de la gastronomie, l'identité culturelle ou encore la cruauté du monde professionnel), mais explore surtout comment différentes personnes font face au deuil et au changement.

Et c'est là que la série trouve sa force : dans sa capacité à capturer la vie de ses personnages et à dépeindre les aspects les plus beaux et les plus sombres de leur existence à travers cet espoir et cette passion qui les anime, les unit et les motive, mais les dévore également.

 

 

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Les nerfs à vif

Quand le rythme redescend, la série prend quelques respirations le temps d'une pause clope, d'une conversation dans les vestiaires ou avec un coup de téléphone dans une voiture. De longues et magnifiques séquences en plan fixe où la fatigue, la souffrance et les sentiments qui habitent les personnages peuvent enfin se libérer, avec colère, chagrin ou mélancolie.

Alors que le restaurant, la ville et les personnalités se transforment, certains restent attachés à leurs souvenirs, d'autres expriment un ressentiment, mais chacun, à sa manière, doit trouver un moyen d'accepter que les choses changent. Pour trouver sa place, grandir, devenir meilleurs et continuer d'avancer, que ce soit en tant qu'individu ou en tant que collectif.

 

 

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Sugar, une soeur qui tente de sauver son frère en essayant de pardonner celui qu'elle a perdu

Il y a parfois quelques maladresses et la fin de cette première saison peut paraître un peu trop simple et facile, mais The Bear donne à voir quelque chose "de réel et vivant" comme le décrit Tina à Richie. Et c'est éreintant, mais aussi proprement bouleversant. La série est déjà renouvelée pour une saison 2. On a encore faim.

The Bear est disponible en intégralité sur Disney+ depuis le 5 octobre 2022

 

 

 

https://vu.fr/KNzX

 

 

 

 

 

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