Grand tactical rpg nommé "Triangle Strategy"

[Leo]

Triangle Strategy est un Tactital RPG au tour par tour le 4 mars 2022, développé par Square Enix et Artdink. Nous sommes dans une contrée divisée par trois pays qui sont enfin entrés dans une paix précaire. Une mine symbolise cette entente, et pourtant c'est bien elle qui va déclencher le début d'un conflit qui bouleverser la vie de notre héros, Serenor Wolfort. Fils héritier d'un héros de guerre, Simon Wolffort, il est ami avec le prince Roland de Glenbrook, tout en étant son sujet. Serenor est également fiancé avec Frédérica Aefrost fille de l'ancien duc du pays du même nom. Serenor se retrouvera en plein milieu du conflit quand il voudra porter secours à son ami, le prince Roland, quand ce dernier verra la royauté de Glenbrook tombée au mains de Gustadolv Aefrost, le frère aîné de Frédérica Serenor arrivera-t-il à protéger son peuple, et surtout à quel prix ?

 

 

Une narration aux petits oignons

Je pense que je vais enfoncer des portes ouvertes mais... Le gros point fort de Triangle Strategy, c'est bien évidemment son scénario. On a une successions de choix impossibles à faire dans ce jeu, car avant l'arc final, nos protagonistes sont quasi toujours en position de faiblesse. Très sincèrement, si le début me laissait perplexe au vu de ce qu’on m’en avait dit, une fois passé les dix premières heures de jeu, le scénario sort enfin des grosses ficelles auxquelles on a l’habitude. Très sincèrement, c’est pour moi le gros point fort du jeu. D’autant plus que les choix qu’on fera seront loin d’être anodins : une fois, il faudra choisir entre une semi rébellion et s’acoquiner avec l’ennemi par exemple. Chaque choix signifiera de grandes conséquences pour la suite, et il faudra rejouer au jeu pour découvrir ce qui aurait pu arriver dans l’un ou l’autre des cas. Autant dire que pour une fois, la rejouabilité niveau histoire a du sens.

Mais du coup, qu'est ce que ça raconte Triangle Strategy ? (attention, spoiler) Et bien, ça nous parle de politique, de guerre, d'esclavage, de religion, mais aussi de monopole économique. Autant dire un bon melting pot de sujets fort intéressant. On commence l'histoire avec un conflit mineur autour du monopole d'une mine qui ne semble n'avoir rien d'intéressant. Pourtant, ça va être le début d'un conflit titanesque qui mettra en péril le royaume de Glenbrook et sa ligné royale. Le début de la fin pour notre héros, Serenor Wolffort. Ce dernier se retrouve avec une fiancée du pays attaquant et un frère d'arme et ami qui est un prince en fuite. Il va se retrouver mêlé au conflit, par loyauté, mais il doit lui-même protéger ses concitoyens. Autant dire qu'il sera tiraillé dans chaque situation, tout comme nous. Aucune décision n'est vraiment la bonne, et chaque pays à son lot de défauts. Glenbrook et sa classe dirigeante sclérosée, Aefrost et son désir de puissance inconsidéré, Hyzanthe et son asservissement des Rozelliens. Et plus le conflit avancera, plus les choix seront cornéliens. Des secrets d'états seront révélés de tous les côtés, mais surtout le secret le plus gardé, celui qui est à l'origine des tensions entre les trois pays : le monopole du sel. Alors, j'avoue que je ne comprends pas trop pourquoi le sel serait une denrée aussi importante, mais dans tous les cas, c'est un excellent prétexte pour expliquer les forces politiques des différents pays. Hyzanthe a le monopole de cette denrée rare grâce à la Source. Le pays est protégée par une sorte de barrière magique qui la rend intouchable. Autant dire qu'ils sont les maîtres de l'échiquier politique. Mais cette place, ils l'ont eu au détriment des Rozelliens, un peuple qui connaissait le secret du monopole d'Hyzanthe : la Source est la dernière trace de la mer qui se trouvait à la place de Norzélia. Sauf qu'il existe encore des Cristaux de Sel dans les sous terrains qui pourrait contenter rabattre les cartes politiques. Car la mine dont on parlait au début contient ces cristaux de sel. Pas étonnant qu'Aefrost ait voulu se l'accaparer. Pas étonnant aussi que cette mine deviendra de nouveau le terrain du conflit entre les trois pays à la fin. Car ceux qui auront les cristaux de sel en leurs mains auront le pouvoir sur le continent de Norzélia pour les années à venir.

 

 

Politiquement, le récit a une puissance qu'on retrouve assez rarement dans un jeu vidéo. Si on prend l'exemple des Fire Emblem, les scénarios sont beaucoup plus simple, la plupart du temps ce ne sont que des scénarios prétexte. Ici, ce n'est pas le cas. J'ai eu un peur du début assez conventionnel, mais une fois cette phase là passée, on a vraiment un récit très bien écrit, bien rythmée avec une véritable incidence de nos choix. Et si les personnages ne sont pas forcément tous mémorables (excepté le noyau dur de sept-huit personnages de départ, tous les autres n'apparaîtront pas dans les cinématiques et seront vraiment relégués au dernier plan), les principaux sont vraiment charismatiques et surtout, controversés. On peut penser à Bénédict, le conseiller de la famille Wolffort qui n'hésitera pas se débarrasser de Roland, le fils légitime de l'ancien roi de Glenbrook pour mettre sur le trône son protégé : Serenor. On peut penser au prince Roland notamment qui sera incapable de mettre ses désirs de vengeance de côté pour tenter une approche de "réconciliation" avec Aefrost. Au point de tuer une général ennemie, Avlora, alors que celle-ci avait jurer de protéger la jeune Cordélia, soeur cadette de Roland. Son désir de vengeance aveuglera son jugement. Bref, L'histoire est complexe et plaisante à suivre. C'est LE gros point fort de ce jeu, et je vous invite vraiment à le découvrir, juste pour ça. En revanche, ce jeu n'est pas exempt de défaut, et on va commencer à en parler dès maintenant...

 

Un gameplay mi figue mi raisin

Étant fan de RPG au tour par tour, difficile de passer à côté de ce jeun. Malheureusement, le gameplay a quelques défauts et nous allons commencer par ça, pour ensuite aller vers les points positifs.
Je trouve que le gameplay, pour la première partie en tout cas, n'est pas permissif du tout. Je m'explique. Vos personnages ont une classe, qui pourra connaître trois évolutions. Vous pourrez également améliorer vos armes, et ainsi certaines de leurs compétences. Et c'est tout. Il n'y a quasiment aucune possibilité de personnalisation de personnages. J'entends par là que si vous vouliez faire une équipe que de magiciens, ça ne sera pas possible. Vous en avez trois ou quatre, et vous devrez vous débrouillez avec ceux là. D'autant plus que chaque magicien a sa spécialité, donc autant dire que vos possibilités sont extrêmement limitées. Pour une personne habituée à passer des heures à construire mon équipe idéale comme dans les Fire Emblem, c'est extrêmement frustrant. Je comprends la démarche, ils ont sans doute voulu rendre le tout assez réaliste, c'est à dire qu'une personne avec certaines compétences ne peut pas les changer du jour au lendemain, surtout en temps de guerre. A vous de voir si ce genre d'initiative vous plaira, pour ma part, je trouve qu'en terme de plaisir de jeu, ça en enlève quand même une bonne partie. D'autant plus que ces évolutions se feront vraiment très, très lentement. Vous obtiendrez les objets vraiment au compte goutte, vous serez toujours en manque d'argent pour les acheter, quand ils sont disponibles... Certains de mes personnages seront resté sans la moindre évolution pendant plus de la moitié du jeu, tandis que Serenor avait déjà eu le droit à deux évolutions. C'est vraiment trop déséquilibré. Alors c'est peut-être plus simple en New Game+, mais qui aura envie d'y rejouer si tout est trop difficile dès le départ ?

 

Mais bon. Parlons maintenant des points positifs du gameplay, c'est à dire les combats. Vous pourrez vous entrainer dans quelques combats accessible depuis votre campement. Je vous conseille fortement de toutes les faire, pour obtenir les quelques rares objets qu'elles vous donneront, parce que vous en aurez VRAIMENT besoin. Pour ce qui est des autres combats, ils sont assez nombreux, variés, avec beaucoup de cartes différentes, ce qui est assez plaisant. Pas de "permadeath" ici, même si vous jouez en difficile comme moi. Donc vous pourrez y aller sans trop vous souciez de perdre des unités, c'est assez rassurant. Comme dans de nombreux Tactical RPG, il y a ici un système de forces et de faiblesse envers certains ennemis (arc contre ennemi volant...) qui vous permettra de vous guider sur vos choix d'unités à déployer. D'ailleurs, le jeu vous indiquera toujours au moment de la préparation, quelles sont les unités qu'ils vous recommandent fortement de déployer en fonction du terrain ou des contraintes. Car oui, la plupart de vos combat dans l'histoire principale sera soumis à des contraintes. De temps, de localisation sur la carte, d'actions obligatoires... Par exemple, vers la fin du jeu, vous devrez obligatoirement utiliser vos unités comme démineur. Si une seule explose, c'est "Game over". Dans d'autres combats, un personnage ne pourra pas mourir et vous devrez tout faire pour le garder en vie, tout en essayant de décimer l'armée ennemi. On a donc des combats assez exigeants mais loin d'être infaisable, quelques contraintes qui vous pousseront à vraiment réfléchir votre stratégie... Bref, là-dessus le jeu tient ses promesses. Ma seule petite remarque, ce serait envers certains combats un peu répétitifs, notamment au moment du village des Rozelliens. Si vous êtes comme moi et que avez choisi de rejoindre Hyzanthe en milieu de partie, vous devrez à un moment remettre la population de ce village à Hyzanthe pour qu'ils rejoignent la Source en tant qu'esclave. Quand je vous disais que ce jeu vous offrais des choix impossibles, je ne plaisantait pas. Vous devrez affronter la population Rozellienne du village, sur la carte de leuyr hameau. Mais ensuite, quand vous aurez plus ou moins réussi à les convaincre de vous suivre malgré leur futur atroce qui les attend, vous devrez refaire un combat sur cette même carte contre ceux qui devaient les emmener, et qui aura un peu trop utiliser de la force. Et ça, sur la même carte. Juste après avoir galéré dessus sur le précédent combat. Euh, là, c'est un peu abusé. Là encore, c'est pour une question de réalisme, et ne nous mentons pas, tous les tactical RPG réutilise leurs cartes, et même plus d'une fois. Mais deux combats d'affilée ? C'est un peu trop pour moi. Laissez nous au moins un ou deux combats pour oublier.

 

Bref, le titre de cette partie représente pour moi bien l'avis que je me fais du gameplay. Un système de customisation quasiment inexistant et peu permissif sur la première partie, mais des combats et des cartes bien pensées, avec un niveau de difficulté tout à fait raisonnable. Pour ma part, j'ai joué quasiment toute la partie en difficile, mais vous pourrez adapter facilement le niveau de difficulté en fonction de comment vous voulez y jouer. Et si vous n'êtes pas fan de toute la partie customisation qu'on retrouve habituellement dans ce genre de jeu, alors lancez vous, "Triangle Strategy" est pour vous !

 

Une direction artistique risquée

 

Triangle Strategy est pour moi l’apogée d’un genre de jeu qui commence à m’agacer. J’ai failli le lâcher pour deux raisons : la première, des cartes très énervantes en mode difficile, qui m’ont obligé à baisser la difficulté pour les passer. La deuxième, et c’est la plus grave pour moi : l’investissement émotionnel. Je ne comprenais pas pourquoi je n’arrivais pas à avoir de l’empathie pour aucun personnage, et si le jeu m’a obligé à faire des choix qui ne me plaisaient pas, ce qu’il allait arriver aux personnages ne m’intéressait pas plus que ça. Et ce que je ne comprenais pas c'était pourquoi. Pourquoi étais-je aussi peu investie ? Je ne pense pourtant pas être un public difficile. Mais là, j'ai enfin réussi à me rendre compte de ce qui posait problème : la direction artistique globale, ou plutôt sa flemmardise. Tout du long du jeu, nous n'aurons le droit qu'aux visuels en pixels, que ce soit lors des scènes importantes ou bien de toutes les phases, parfois interminables de dialogues. Entendons-nous bien : je savais que le jeu avait cette direction artistique, ce n'est pas une surprise. En revanche, il n'y a absolument aucun effort visuel du jeu pour nous faire ressortir la moindre émotion. Pas de jolies petites cinématiques aux moments cruciaux, ni même d'artwork des personnages dans les bulles de dialogues. Pour savoir quel personnage parle, vous n'aurez que deux solutions : son nom ou une touche pour afficher une petite boite le présentant sommairement. Et ce qui est d'autant plus frustrant, c'est que les artworks des personnages sont splendides ! Pourquoi ne pas en profiter ? C'est vraiment frustrant

 

 

Entendons-nous bien : tout ce dont je viens de parler résulte de choix des développeurs, et ce ne sont pas des problèmes qui vous empêcheront de jouer. Pour ma part, je pense qu'il est temps que Square Enix arrête de faire ce genre de jeu full pixel, le tout est vraiment trop aride. Moi personnellement, je crois que Triangle Strategy sera le dernier du genre que je ferais. Et je dis ça en étant vraiment attristée car, comme dit plus haut, le jeu a de grosses qualités. Un petit mélange entre cette narration et la DA d'un Fire Emblem en 3D, et je pense que ce serait parfait. Soyons honnête, ça reste des jeux fait pour la Switch, donc il faut pas s'attendre à des chefs d'oeuvre graphique. Mais on peut espérer mieux. A vous de voir ensuite si cette DA vous suffira, car pour ce genre de choses, c'est toujours une question de goût. Mais pour moi ce n'est pas suffisant. Je vais prendre un exemple assez criant pour vous le prouver : Trails in the Sky. J'ai joué à ces jeux l'année dernière. Je les ai totalement découvert. Ce sont des vieux jeux qui étaient disponible sur la PSP, une console portable. On a donc une DA assez proche de Triangle Strategy. On est pas sur du pixels, les personnages ont a peu près le même niveau de détail. En revanche, dans ces jeux, j'y suis rentrée tout de suite. Pourquoi à votre avis ? Pourquoi j'ai accrochée tout de suite à ces jeux qui sont loin de donner envie graphiquement ? Pour une raison très simple : cet univers, je le connaissais. A peine Olivier est-il apparu que je lâchais de petits cris de joies tellement je suis fan de ce perso. D'ailleurs, notez que les artwork des personnages sont présents dans les bulles de dialogues, et du coup,  A partir de là, on s'en fiche que la DA soit pas folle. C'est pour ça que les gens continuent de jouer à Pokémon malgré la DA catastrophique : ils sont fans de l'univers. Dans ces cas-là, on est tout de suite moins exigeants, et ce qui pourrait paraître des défauts pour des nouveaux joueurs ne le sont plus pour des joueurs aguerris à la licence. Et c'est là que pour moi, ça pose problème pour Triangle Strategy : ce n'est pas une licence, c'est un stand alone. Dans ces cas-là, il n'y a pas de background, et du coup, il faut que le jeu soit deux fois plus convaincant. Et pour moi, ce n'était pas le cas ici. Et c'est vraiment dommage.

 

Conclusion

 

Triangle Strategy est un bon Tactical RPG. Si ce n'est sa DA qui est trop austère, et son gameplay un peu aride, il n'en reste pas moins un bon jeu prenant, avec de bons niveaux de difficultés.  Si vous êtes adepte de ce genre, il ne pourra que vous plaire. Pour ma part, si je devais le noter, je mettrais un 14/20. J'ai passé de belles heures devant, mais j'ai failli le lâcher plus d'une fois définitivement à cause de ce que j'ai exposé plus tôt. Difficile de mettre plus, malgré toutes ces qualités.

 

 

Triangle Strategy